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Gertrude Koné DOUYERE, Présidente de la Commission Économie Numérique et Entreprise Digitale (CENED) du Patronat ivoirien - CGECI

Orange Côte d'ivoire

« Pour le Patronat ivoirien, 2022 verra la poursuite des efforts de transformation digitale des entreprises »

Au cœur de la transformation structurelle de l’économie nationale, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI, également dénommée Le Patronat ivoirien) continue de concentrer son action pour accélérer l’impact du numérique sur le secteur privé par le biais d’initiatives telles que le baromètre de la maturité numérique des entreprises. Dans cette interview, Gertrude Koné DOUYERE, présidente de la Commission digitale du Patronat, explique comment le secteur privé aborde l’année 2022.

Le Patronat ivoirien a fait le pari de la transformation digitale des entreprises il y a maintenant plus de 10 ans. Ce pari s'avère-t-il payant aujourd'hui ?

Il y a 10 ans, la CGECI avait déjà une bonne lecture des évolutions mondiales en matière de numérique. Aussi, l’issue du pari était-elle déjà connue d’avance notamment pour ce qui concerne les filiales des multinationales et les grandes entreprises locales. En effet, leurs interactions permanentes avec des économies plus matures en matière de digital les obligeaient à effectuer leur transformation digitale plus rapidement que les autres acteurs économiques locaux.

Pour les PME, en plus des défis tels que les problématiques de production et de mise sur le marché, la recherche de financement pour soutenir l’exploitation et la possibilité de disposer de ressources humaines adéquates, de véritables challenges à adresser par le Patronat étaient le déficit informationnel sur le numérique et ses opportunités, la méconnaissance des outils digitaux, la peur des changements induits par le digital.

Partant, la CGECI, via sa Commission Digitale, a conçu et mis en œuvre des programmes d’informations, de sensibilisation, de formation et de conseil sur les évolutions technologiques, les bonnes pratiques, le vivier de compétences locales et les méthodes d’acculturation digitale. Ceci nous a d’ailleurs conduit à élaborer un baromètre pour mesurer la maturité numérique des entreprises de Côte d’Ivoire. L’outil permet à tous de mesurer d’année en année les évolutions et les efforts à effectuer pour atteindre un niveau acceptable.

En somme, l’approche du Patronat ivoirien s’est avérée payante dans la mesure où, confrontées à la Covid, la plupart des entreprises ont pu rapidement intégrer des process digitaux dans leurs manières de travailler, voire pour certaines repenser leurs métiers.

Le dernier conseil des ministres de fin d’année 2021 a été marqué par l’adoption des Stratégies nationales de développement du numérique, de l’innovation et de la cybersécurité pour l’horizon 2021-2025. Que pensez-vous de ces initiatives ?

Pendant des années, les acteurs du secteur privé n’ont eu de cesse de réclamer ces stratégies avec en priorité une stratégie numérique, véritable fil conducteur pour la transformation digitale de l’économie ivoirienne. Aujourd’hui que celles-ci ont été conçues et adoptées, il s’agit pour les entreprises du digital de s’organiser et bâtir des attelages forts, soit sur le plan local, soit avec des partenaires internationaux, pour participer pleinement à l’exécution des programmes et projets qui en découlent.

Il est trop tôt pour spéculer sur l’efficacité ou l’efficience des stratégies que vous avez citées. Elles ont le mérite d’exister, de mettre en place ou conforter des fondamentaux tels que le cadre juridique et réglementaire, la confiance numérique, la protection des données personnelles, l’utilisation effective de la signature électronique, l’authentification et la certification des transactions électroniques, etc.

Nous sommes également d’avis que des synergies doivent être établies entre les initiatives du secteur privé et du secteur public, à la fois basées sur des ambitions communes, réalistes et permettant une optimisation des ressources collectives. C’est une composante-clé des changements structurels rapides dans les tous les compartiments de l’économie.

Dans le contexte de crise sanitaire et économique que nous traversons, comment le Patronat et les entreprises ivoiriennes abordent-ils l'année 2022 ?

Quand bien même les pays et par conséquent les économies vivent aujourd’hui au rythme des mutations de la Covid, le Patronat et les entreprises ivoiriennes abordent avec optimisme, courage et détermination, l’année qui vient de débuter. En effet, l’économie de la Côte d’Ivoire comme celles d’autres pays africains, a fait montre d’une forte résilience. Des secteurs tels que le e-commerce et les services en ligne de transport et de distribution ont connu une véritable explosion sur la période 2020-2021.

Disons-le, la Covid a permis aux entreprises de se réinventer à l’aune du digital. Dès lors, le Patronat ivoirien ne peut qu’être optimiste quant à la pérennisation des acquis et au retour de la croissance économique.

Pour la CGECI, 2022 verra la poursuite des efforts de transformation digitale des entreprises, dans le cadre de la mise en œuvre des stratégies numériques de la Côte d’Ivoire.

Concrètement, que fait la CGECI pour encourager la digitalisation des entreprises privées et impulser l'économie numérique ?

Les missions de la Commission de l’Economie Numérique et de l’Entreprise Digitale (CENED) de la CGECI sont au nombre de trois :

  • Identifier, promouvoir et divulguer les meilleures pratiques prouvées dans le domaine de l’économie numérique et de l'entreprise digitale pour la transformation digitale des entreprises;
  • Sensibiliser les entreprises à l'approche digitale et assurer la vulgarisation des solutions TIC dans celles-ci afin d'accroitre leurs performances;
  • Initier et promouvoir une jeunesse créative et des start-up de l'innovation avec le soutien des institutions.

Dans ce contexte, son action porte sur les domaines suivants :

  • Participation aux travaux d’élaboration des politiques et stratégies nationales en lien avec le numérique;
  • Organisation de sessions d’informations, de sensibilisation et de renforcement de capacité des entreprises sur des thématiques d’actualité (outils de collaboration, blockchain, technologies disruptives, etc.);
  • Réalisation d’études notamment sur la maturité numérique des entreprises;
  • Organisation de forums et ateliers réunissant les professionnels du secteur pour d’une part mener des réflexions sur les problématiques du secteur et les besoins des entreprises et d’autre part concevoir des dispositifs à même d’anticiper les évolutions;
  • Lobbying et plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour le développement du secteur du numérique.

Avez-vous identifié des clés pour anticiper les besoins des entreprises privées et renforcer leur compétitivité ?

Le baromètre de la maturité numérique des entreprises que la CGECI a élaboré permet à partir d’une cartographie à un instant T, de définir les besoins de celles-ci en matière de transformation digitale. Les études de tendances effectuées chaque année par les grands cabinets de stratégie sont d’une grande aide pour mieux ajuster le curseur et réfléchir à des actions en vue d’adresser des problématiques ou des besoins futurs. Cependant, un outil essentiel manque encore : il s’agit d’un observatoire des Télécoms & TIC dont la mission serait de collecter de manière permanente et régulière des statistiques sur le numérique et suivre les tendances en termes d’usages, services, innovations, etc. Ce, dans un but prospectif.

Pour conclure, quelles sont les technologies qui vont améliorer l’impact du numérique sur les entreprises ivoiriennes ?

Les meilleures technologies pour une économie sont celles qui lui permettent d’être plus performante d’une part et d’autre part assurer l’utilisation optimale de ses ressources (financières, matérielles, humaines…). Dans ce contexte, des initiatives sont en œuvre dans différents secteurs d’activité en Côte d’Ivoire. Dans l’agriculture par exemple, l’Intelligence Artificielle couplée avec l’Internet des Objets permet de détecter très rapidement les maladies du cacao, circonscrire les zones à risque et les traiter avec pour résultat une réduction des pertes et une amélioration de la productivité. Dans le secteur financier, le mobile money est venu révolutionner les pratiques du marché notamment le transfert d’argent et s’est aisément intégré dans les usages de paiement des entreprises. Bien d’autres technologies gagnent de plus en plus de terrain sans faire de bruit : l’utilisation des drones pour l’inspection des infrastructures industrielles, la Blockchain pour l’authentification des fichiers, etc.
Réticente au début, l’entreprise ivoirienne adopte de plus en plus le numérique dans toute sa complétude et nous ne pouvons que nous en réjouir.

Par Anselme AKEKO

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